Jonnystyle
Jonnystyle
Editeur: Les Presses Littéraires
Peu importe le style, pourvu qu’il soit mûri. La réflexion est chez Jonnystyle une impérieuse constante qu’il s’exige tant à lui-même qu’au spectateur, et qu’il conjugue à l’aide de mots, de couleurs et de personnages. Pour sa seconde exposition à la galerie At Down, nous le retrouvons une nouvelle fois scénariste d’un monde qui l’a vu grandir, et dans lequel il évolue depuis 1997, celui du graffiti. Du fond et de la forme et ses treize poèmes nous convient dans les profondeurs de son impertinence, nourrie d’analyses cruellement méditées.
Écrite dans le plus pur et dur respect des règles classiques de la poésie française, cette série se lit telle une typologie des acteurs du mouvement graffiti, aussi pluriels soient-ils : de l’avide collectionneur à l’expert auto-proclamé, du naïf suiveur au caïd déraisonné, de la groupie sans saveur au fils de, autant de portraits donc dans lesquels Jonnystyle distille critiques viscérales et analyses cyniques, enjolivés à coups de figures de style, allitérations et rimes riches. C’est donc sous une forme audacieuse car littéraire, que Jonnystyle choisit d’évoquer non sans passion, la culture dans son intégralité, qui agite ses mains et son esprit. Enveloppé dans le culot qui le caractérise et qui l’a fait connaître début 2005 à Montpellier, Jonnystyle n’accuse pas plus qu’il ne juge, mais pose tout simplement le doigt là où bon nombre d’entre nous n’oserait pas songer : le graffiti dans son ensemble, porté aux louanges et manifestement très en vogue actuellement, est-il un mouvement artistique aussi vertueux qu’il ne le prétend ? L’engouement enthousiaste qu’il reçoit doit-il nous endormir sur l’authenticité présumée que les artistes défendent ? On connaît certes, les formes du graffiti, mais le(s) fond(s), à quoi ressemble(nt)-il(s) ? Outre ce travail plein d’âme, l’œuvre entière de Jonnystyle est imprégnée de poésie, d’aigre-doux et de clins d’œil à des références qui s’adressent à tout le monde, jeunes et moins jeunes. Dessins, peintures sur toile de lin, installations et parfois films d’animation composent un univers exclusivement figuratif et qui n’en reste pas moins conceptuel.