Tout en donnant, dans Le Voisinage des cavernes, un cours plus libre que jamais à son sens de l'imaginaire, Jean Cassou rend compte des très réelles conditions de la vie humaine, en particulier de la condition du temps. Le temps, en effet, constitue la matière du roman. Matière extensible à l'infini, puisque l'âge paléolithique s'avisa maintes fois d'affleurer à la surface du beau jardin d'Octave Bridel, orthopédiste de la place de l'Odéon, où, dans son enfance comme plus tard avec sa fille et sa petite-fille, il va passer ses vacances. C'est encore à une résurgence du monde des cavernes qu'il faut songer lorsque la tranche temporelle et les circonstances du roman amènent l'épisode de la guerre de 14-18 et le retour à une vie primitive toute enfouie dans la terre.
Le lecteur se plaira sans doute à accompagner le personnage central du roman dans ces sinueux parcours jusqu'au terme de leurs prolongements posthumes. Car, même disparu, Octave Bridel, l'orthopédiste qui cultivait son jardin dans le voisinage des grottes magdaléniennes, demeure inoubliable.