La participation dans les entreprises en Europe
Jean-Louis Laville
Editeur: Vuibert (réédition numérique FeniXX)
La décennie 1970 a été celle des conditions de travail et de la démocratie industrielle, la décennie 1980 celle des groupes d'expression, cercles de qualité et autres cultures ou projets d'entreprise, on parle dans les années 1990 de changer l'organisation du travail. Au-delà des effets de mode, un même constat s'impose dans la gestion des entreprises : la participation des salariés conditionne largement les résultats en termes de qualité et de productivité globale. À l'inverse de Ford, un dirigeant moderne pourrait dire à ses ouvriers : « Je vous paie aussi pour penser. » Mais si le management moderne se doit d'être participatif, l'accord sur l'objectif n'empêche pas que subsiste une interrogation sur les moyens appropriés. Ce livre propose d'associer recherches empiriques et réflexion théorique. Fruit de plusieurs années d'enquête, l'analyse transversale est nourrie par des observations approfondies dans une trentaine d'entreprises. Pour la permière fois, les entreprises étudiées regroupent à la fois des grandes entreprises et des petites et moyennes entreprises présentant des pratiques contrastées et situées dans différents pays européens. Cette collecte de données effectuée en pleine période de mutations permet de montrer comment le développement de la participation est lié aux nouvelles tendances d'une « économie de l'offre » conduite à la diversification des produits et à la flexibilité des procédés. Mais elle révèle aussi les limites et les difficultés rencontrées afin d'en tirer des enseignements concrets. Il s'agit en fait de contribuer à une socio-économie de l'entreprise où les relations sociales et professionnelles sont mises en rapport avec la nature des marchés et des produits, l'organisation de la production et les systèmes techniques. La démarche comparative débouche sur la mise en évidence d'une liaison entre participation des salariés et nouvelles caractéristiques de travail productif, ce qui amène à formuler les hypothèses de constitution d'une appartenance productive ou d'émergence d'un nouveau modèle professionnel.