Des missionnaires de différentes confessions décident, chacun de leur côté, de partir pour convertir les autres. Ils se rencontrent dans une île habitée par un seul indigène. Tel est le sujet de « l’île aux prophètes », un conte-type de Pamphile. Gémeau, ami de tout, multipolaire, et enclin à la dispersion, l’auteur en souffre comme d’une tendance à se désintégrer, et y remédie par le yoga, science de l’unité. Mais ne pouvant vivre qu’une seule vie réelle, il se délivre du regret des autres en les vivant symboliquement dans ses contes. Aussi ses personnages explorent-ils diverses voies jusqu’à épuisement, avec une logique implacable et jusqu’au-boutiste. Un humour parfois inattendu se faufile en pointillé à travers ces récits, rendant plus supportable leur exigence d’Absolu. Enfin, on peut les qualifier de « métaphysiques » plutôt que moralisateurs au sens vulgaire du mot, car les personnages payent souvent de leur destruction, non pas une quelconque désobéissance, mais la violation des lois de leur être propre.