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grande couv
La vie de Flora Tristan. Socialisme et féminisme au XIXe siècle
Jean Baelen
Editeur: Le Seuil
8,99 €

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Nous avons affaire ici à une biographie des plus classiques, mais à un personnage des moins communs. Comment, née dans la lignée d'un grand d'Espagne on devient pauvre par négligence de l'état civil ; comment, mariée à dix-sept ans, on finit au bout de quatre ans, la tête romanesque, par quitter son Prudhomme de mari pour découvrir l'Angleterre ; comment, avec de la passion et des yeux ingénus, on écrit dans les Promenades dans Londres des pages qui annoncent le docteur Engels ; comment, décidée à réclamer les fruits de l'héritage paternel, on s'embarque dans le Pérou ; comment on revient de ce pays inconnu sans héritage avec un manuscrit d'ethnologie passionnant, publié bientôt sous le titre Pérégrinations d'une paria ; comment, retrouvant son mari importun, on reçoit de sa main une balle à deux doigts du cœur ; comment, remise d'aplomb, on devient du même coup (de pistolet) un auteur célèbre ; comment, loin se reposer sur ses lauriers, on trouve sa vocation : se mettre au service de la classe ouvrière, et en particulier des femmes prolétaires qui atteignent le fond de l'exploitation ; comment traitée d'"apôtre en jupon", on laisse les brocards et l'on s'adonne à sa mission ; comment, romantique, évangélique, sentimentale, on avait tout pour devenir une sœur de Saint-Vincent-de-Paul (Ozanam, fondateur des conférences est de l'époque), on imagine avant Marx l'internationalisme prolétarien en fondant l'Union ouvrière ; comment, à bout de force on fait le tour de France pour apporter aux pauvres la bonne parole ; comment, à Bordeaux, on meurt en route, quatre ans avant le Manifeste communiste... C'est, parmi bien d'autres "pérégrinations", les grandes lignes de l'histoire de cette "Paria" – une vie qui ne serait qu'un fol roman d'aventures (et ce ne serait déjà pas si mal) si elle n'avait été offerte à la cause des opprimés.