Le Complexe de Babel
Jean Voge
Editeur: Fenixx Réédition Numérique (Elsevier Masson)
« Pouvons-nous survivre à la technologie ? » se demandait von Neumann en 1955. Son ordinateur numérique et les télécommunications lui faisaient pressentir une crise par excès de vitesse de l’information dans la mondialisation des échanges. Moteur de la croissance, le progrès technique s’est grippé depuis 1973, en dépit de l’électronique et de relances à crédit, sur la stagnation de la productivité informationnelle des cols blancs. Les entreprises ont dû sacrifier salaires et emplois à leurs profits. Le revenu médian des ménages américains est au plus bas et au Japon la chute de rentabilité du capital remet en question l’emploi à vie. Comment donc survivre en société d’information, entre stagnation et chaos ? Les sciences des réseaux, du vivant et de la cognition ouvrent les pistes à explorer. Les structures les plus économiques pour gérer l’information sont des hiérarchies gigognes d’unités modulaires, des équipes semi-autonomes aux oligopoles multinationaux et des réseaux locaux aux inforoutes globales. Leur genèse relève des processus biologiques : synergie de croissance par catalyse mutuelle (entre hommes ou techniques) et sélection compétitive, dont l’équilibre optimal se situerait « à la lisière du chaos ». L’intuition collective y jouera un rôle aussi essentiel que la raison individuelle. Jean Voge en conclut qu’Occident et Orient sont condamnés à une fécondation mutuelle de leurs cultures — libre concurrence pour Adam Smith, solidarité chez Confucius — pour qu’en émerge durablement, comme au temps de la Renaissance, un nouvel humanisme planétaire.