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Tanc
Editeur: Les Presses Littéraires
12,99 €

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Aussi loin qu’il s’en souvienne, Tanc a toujours considéré l’écriture comme un refuge. Jeune écolier, pour tromper ses professeurs, il remplit ses pages de cahiers d’une graphie indéchiffrable mais qui n’en reste pas moins fascinante. Lancinante aussi. Car dans l’intimité de son atelier aujourd’hui, Tanc poursuit cette manie, la rendant audacieusement malléable à ses humeurs, influences et obsessions du moment. En affirmant que le processus triomphe sur le résultat, Tanc s’en remet au geste, aussi frénétique que spontané. N’écoutant que son propre rythme, les pulsions que lui évoquent ses souvenirs, il délie sur des formats variables une langue, celle de l’émotion, sans se soucier de l’illisibilité qu’elle génère. En cela Tanc n’impose rien à celui qui regarde, ni interprétation ni déchiffrage et encore moins une traduction, si ce n’est que de s’abandonner à nos propres repères. Capable de s’engager profondément jusqu’à épuisement dans un procédé, un outil, une forme ou un style, l’évolution de son travail devient nettement visible grâce à un ensemble de séries : parti des Sphères (une ode à la peinture sprayée), passé par la série des Oscillations (une véritable recherche de l’épure), revenu à la saturation avec les écritures grattées et griffonnées, le travail de Tanc fait désormais un pas de plus vers l’abstraction la plus totale. La peinture à l’huile, ici agglomérée, est modelée directement grâce à son contenant, pressé à son paroxysme, et se meut sur la toile tels les remous figés d’un océan inquiétant. L’écriture engoncée et qui tend à disparaître même, Tanc nous aspire dans un autre langage, celui de la couleur. Voilà en effet une autre dimension de son travail, pour autant toujours habité du même instinct face aux souvenirs. Si le bleu, ultramarine, outremer, profond, prédomine largement dans ses dernières œuvres, Tanc compose depuis ses débuts avec les couleurs comme s’il s’agissait de nappes sonores, enveloppe son support de dilutions prêtes à jouer le jeu du hasard. Face aux écritures, habitées par l’horizontal, une nouvelle série de dilutions réalisée aux encres fait cette fois-ci la part belle au vertical, non sans rappeler une nouvelle fois le fantôme de sa pratique graffiti. Enfin, l’œuvre de Tanc ne serait pas totalement complète sans le versant musical qui l’accompagne. Compositeur à part entière, la musique électronique semble chez lui relever du même processus créatif sincère et spontané, du même mot d’ordre, la liberté. Lorsque Paul Klee en son temps, pensait les liens entre la peinture et la musique, Tanc aujourd’hui nous prouve à quel point ces deux disciplines peuvent largement s’inspirer l’une et l’autre, voir discourir ensemble. Sans cesse explorateur de sa propre psyché, Tanc laisse dans ses sillages visuels et sonores une part de lui-même. La main qui écrit ou qui dessine, la main qui compose ou qui joue, peu importe les mots, le langage l’écriture finalement, c’est comme si tout cela voulait dire la même chose. Sabella Augusto