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grande couv
Balles perdues
Alberto Barrera Tyszka
Editeur: Zinnia Éditions
2,99 €

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Lors d'une manifestation politique au Venezuela, un homme disparait face aux caméras de télévision. Mais nul ne sait pourquoi...

Récit de la disparition d’un homme, sous l’œil des caméras de télévision, lors d’une manifestation à caractère politique dans un Venezuela contemporain divisé par ses antagonismes. Qu’est devenu ce citoyen ordinaire, comment et pourquoi peut-on disparaître « en public », comment réagissent famille, amis et anonymes ?
C’est ce que le texte s’emploie avec finesse à démêler ici.

Entre questionnements politiques et sociaux, découvrez un récit atypique destiné à former son esprit critique et s'interroger toujours sur la nature humaine.

EXTRAIT

À neuf heures dix-huit du soir, dans un flash d'informations, au beau milieu du feuilleton, la chaîne rediffusa la séquence qui avait tant troublé le vieux. Tous se penchèrent en avant, contenant leur respiration. Carmen et Fanny se levèrent. Effectivement, c'était Henry. Ils le virent tous. Sur les images il apparaissait inquiet et décontenancé, comme s'il s'était retrouvé dans cette histoire par erreur, par l'effet d'une confusion, par pur hasard. Soudain, alors, Henry s'affaissa sur lui-même.
— Mon Dieu ! cria Carmen, en larmes, s'accrochant au bras de son mari. Les autres demeuraient paralysés, les yeux rivés au téléviseur.
Cela ne dura qu'un instant. Henry disparut. Comme si on lui avait fauché les jambes. Comme s'il s'était vidé. Henry s'était ratatiné sur le sol.
Ensuite, la caméra avait commencé à filmer un groupe de femmes qui criait et cherchait à échapper au tumulte. On entendit d'autres détonations. La caméra, hésitante, semblait tenter de suivre le bruit parmi la foule, s'efforçant en vain de traquer les détonations. Finalement les images disparurent et un présentateur, la mine sobre, annonça que l'on en verrait plus sur ce sujet, beaucoup plus, à onze heures, au cours de l'édition spéciale. Nous vous donnons donc rendez-vous.

CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE

Une nouvelle comme une leçon de morale qui dénonce la faiblesse des hommes toujours prêts à marcher sur des cadavres pour accéder à une certaine reconnaissance, à un certain pouvoir, et les médias artisans de toutes les manipulations qui peuvent servir la cause de ceux qui les possèdent ou les financent. - Débézed, Critiques Libres

À PROPOS DE L'AUTEUR

Alberto Barrera Tyszka (Caracas, 1960) romancier, poète, scénariste pour la télévision et journaliste vénézuélien est aussi professeur à l’Université Centrale du Venezuela.
Le prestigieux prix Heralde a récompensé en 2006 son roman La Maladie.