La mer, toute la mer, rien que la mer. Nous croyons la connaître. On ne sait son volume qu’à 50 millions de km3 près (soit l’équivalent de toute l’eau non marine !). Quelle est la longueur des côtes françaises : 3500 ou 7000 km ? On ignore la structure moléculaire exacte de l’eau de mer. Nous croyons la retrouver. On construit une école navale au bord de la mer sans se souvenir qu’il existe des marées : ses caves sont périodiquement inondées. On lance un navire et huit ouvriers sont emportés : on avait oublié qu’un bateau provoque une vague en entrant dans l’eau... Ce livre paraît au lendemain d’une nouvelle session de la conférence des Nations unies sur la mer. Les enjeux de la négociation y sont largement commentés mais il n’y est pas seulement question de droit international. L’auteur fait place à l’océanographie et aux “gens de mer”, au langage et à l’économie maritimes, aux îles et aux dauphins, aux sous-marins et aux naufrages, aux pirates et aux paquebots. Il part de quelques constatations qui, parfois, vont au rebours des idées généralement reçues. Les richesses de l’océan, non plus que la pollution, ne sont pas toujours là où on croit qu’elles sont. Rien que la mer... Avant d’en faire le prétexte d’un message, tels que nous sommes considérons-la telle qu’elle est, dans ses naufrages et ses enchantements. “Cela te ferait du bien, mon ami, d’avoir un peu le mal de mer : tu as trop d’ego dans ton cosmos”, disait un personnage de Kipling.