Un homme et une femme dans la grande ville. Deux artistes, deux amants intranquilles. « Je nous vois cernés et haletants dans notre grand lit, Ihnès. » La menace et l’angoisse sont partout : « Ne vois-tu pas que les jours s’écoulent nerveusement ? On a l’impression que Paris est au bord de la guerre civile. » L’angoisse, la menace, c’est « la Réalité-jour », ce réel de plus en plus poisseux et violent qui recouvre tout, imprègne les êtres et les dérègle.
Comment résister à cette intrusion vénéneuse autrement qu’en allant puiser en soi, dans son inconscient, les armes de la révolte, le « soulèvement intime », la « révolution du dedans » ? Douze chapitres fiévreux se succèdent, comme autant de combats où le rêve – qui est souvent cauchemar – tente de s’opposer au réel par la puissance de l’imaginaire. Douze chroniques où le Diable consolateur du langage en rupture se dresse comme un ultime rempart. Et nous voici en fuite sous la « Lune avorteuse », le long du « Fleuve noir », embarqués pour « de folles virées dans Tragédie-City ».
« Nous sommes les enfants sacrifiés, qui se loveront parmi les ruines futures de cette civilisation ultralibérale (oui je sais j’utilise des mots de commentateurs avisés en attendant que ça passe, que ça s’effondre comme un château de cartes). »
Né en 1978, Yann Bourven publie ici son septième roman, construisant une œuvre qui explore sans trêve ce territoire qu’il nomme « poésie-vérité ». Sont également parus aux éditions Sulliver: Le Dérèglement (2009), et Maclow, Ville-Fièvre (2011).