Analyse de l'incidence des mesures d'incitation sectorielles sur le secteur manufacturier au Cameroun
Nguidjol Esther
Editeur: Coédition NENA/CODESRIA
Dans plusieurs pays en développement, le désir de s'industrialiser a conduit à la mise en oeuvre simultanée des politiques d'import-substitution et d'export-promotion. Ces politiques sont matérialisées par la protection accordée aux industries locales. Par exemple certains biens importés et exportés (généralement les exportations traditionnelles, TES 1989-1990) supportent des taxes, alors que la production d'autres (par exemple les biens d'exportation non traditionnels, principalement des produits manufacturés), est subventionnée. Au Cameroun où la politique industrielle et commerciale donne une attention particulière au secteur manufacturier, de telles mesures sont fréquemment appliquées soit pour atteindre des objectifs divers, soit pour faire face aux problèmes immédiats. Par exemple, pour protéger les producteurs locaux, une taxe de péréquation a été mise sur pied par décret du 22 janvier 1988. Cette taxe avait pour but d'accorder une subvention implicite à la production des biens alimentaires. Au départ, elle ne s'appliquait qu'aux importations de riz et de sucre, ensuite elle a été étendue à celles des huiles végétales et aux corps gras en 1989. Cette mesure répond à la préoccupation du Gouvernement de soutenir l'autosuffisance alimentaire au Cameroun. Par ailleurs, l'article 10 du titre Il du Code des investissements de novembre 1990 stipule que les produits industriels destinés à l'exportation sont exonérés des droits de sortie. Toutefois, lorsque les circonstances l'exigent, un droit de sortie peut être institué sur un produit déterminé après avis des administrations intéressées. Généralement, l'impact de ces mesures sur l'ensemble de la structure des incitations relatives n'est pas pris en considération. L'idée du gouvernement pourrait être de protéger ou de promouvoir une activité industrielle d'un type particulier. Seulement, la protection de cette activité déprotège une autre en raison de la prise en compte des effets - prix de ces mesures.