Félix d’Hérelle, trop rebelle pour le Nobel
Raymond Lemieux
Editeur: Éditions MultiMondes
Relater l’histoire de Félix d’Hérelle n’est pas une mince affaire?: sous quel angle doit-on présenter ce scientifique autodidacte qui a notamment été fabricant de whisky à Beauceville, chocolatier à Longueuil, chasseur de sauterelles en Argentine, chercheur à l’Institut Pasteur de Paris, bactériologiste en Égypte et en Inde, professeur à l’Université Yale, et fondateur d’une des plus importantes institutions de recherche en Union Soviétique dans les années 1930?
C’est lors de la Grande Guerre que ce Franco-Québécois fait une découverte déconcertante?: de très petits microbes – les bactériophages – s’attaquent aux bactéries les plus redoutables de la dysenterie, du choléra et de la peste. D’Hérelle élabore alors une médecine originale, la phagothérapie, avec laquelle il obtient des succès cliniques qui le propulsent à l’avant-scène de la science et qui lui valent d’être nominé à vingt-huit reprises pour le prix Nobel (sans jamais le remporter).
Nul doute que, cent ans après ses premières expériences, il existe de bonnes raisons d’applaudir la persévérance de ce chercheur obstiné et de sortir de l’oubli son invraisemblable épopée. Car si les bactériophages ont vite été détrônés par l’arrivée des antibiotiques, ils font aujourd’hui un retour en force à la fois dans la bataille médicale contre les bactéries multirésistantes et dans les laboratoires de recherche pour la mise au point de l’outil génétique CRISPR.