Né en 1925, Pierre Boulez est aujourd'hui le musicien français le plus célèbre du monde. Il continue à formuler des remarques virulentes sur certains aspects de la vie musicale en France, manière de répondre à ceux qui, depuis les années cinquante, firent preuve d'une vive inimitié à son endroit, le trouvant trop germanophile : Adieu, herr Boulez ! Déchiré entre l'idéalisation de la Résistance et le tabou de la collaboration, le monde culturel hexagonal entamait une relation problématique avec cet omnipraticien. La trame de ce livre est une ascension fulgurante, sa toile de fond le contentieux franco-allemand, puis la réconciliation. Elaboré à partir d'une documentation utilisant des informations parfois rares, il montre pourquoi nos voisins d'outre-Rhin surnommèrent Boulez le dieu pendant que nombre de ses compatriotes le dénigraient. Il oppose des stations nommées Bayreuth, Berlin, Baden-Baden ou Vienne aux critiques de Boulez envers l'Orchestre de Paris, l'Opéra-Bastille et d'autres de nos institutions. On y voit une personnalité hors du commun en découdre avec la « France officielle », voire ridiculiser ses détracteurs avec la force insolente du Siegfried de Wagner.