Fondée en terre thrace par le roi Philippe II de Macédoine, la cité grecque de Philippes fut, au cours de l’automne 42 av. J.-C., le théâtre de l’affrontement décisif entre l’armée des républicains Brutus et Cassius et celle des héritiers de César, Antoine et Octave. À l’issue de la bataille, Antoine décida de tirer profit du vaste territoire environnant pour y établir les vétérans des légions qui avaient combattu et pour fonder une colonie romaine. S’appuyant sur une riche documentation épigraphique, ce livre reconstitue la structure et le fonctionnement des institutions de l’entité politique qui fut substituée à la cité grecque à cette occasion, ainsi que la formation des élites dirigeantes de la colonie et les dynamiques démographiques, sociales et culturelles qui animèrent ce groupe durant plus de trois siècles, de la fondation de la colonie à la fin du iiie s. apr. J.-C. Par le biais de comparaisons avec les autres colonies fondées par Rome dans les provinces orientales de l’Empire, avec les cités grecques et avec les municipes et colonies d’Occident, l’étude s’efforce de replacer Philippes dans le cadre général des communautés locales de l’Empire romain, aussi bien que dans son contexte régional immédiat. À travers l’exemple de Philippes, ce livre montre que, bien loin d’avoir été des images statiques de Rome comme le prétend la formule célèbre d’Aulu-Gelle, les colonies, quoique dotées d’institutions calquées sur un archétype élaboré à Rome, en étaient plutôt des ramifications vivantes et autonomes, sensibles à leur environnement provincial et disposant chacune d’une coloration particulière.