A FRANÇOIS COPPÉE
J’AI dans mon sang ; le sang des époques hautaines.
Je suis le petit fils des marquises lointaines
Et des trouvères blonds, de grâce revêtus,
Qui passaient — de châteaux en châteaux attendus
Par le rêve espérant des vierges amoureuses, —
Et puis, disparaissaient par les routes ombreuses,
Comme un chant qui s’éteint que l’on n’entendra plus.
Je suis le descendant des pages chevelus
Qui, sveltes, se levaient après les vidercomes,
A la fin des repas, — poètes gentilshommes
Dont la couronne avait des baisers pour fleurons,
Et qui, l’épée au flanc, coupe en mains, fleurs aux fronts,
Parmi l’or héraldique et fin des marjolaines,
Chantaient le hennin blanc des hautes châtelaines.
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.