D’origine modeste, orphelin très tôt, Louis Bréas connut une enfance ballotée d’une famille d’accueil à une autre, naturellement accompagnée d’une scolarité erratique. C’est néanmoins avec le grade d’administrateur hors classe, le plus élevé de la hiérarchie, qu’il terminera sa carrière à l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Au début des années soixante, en période de plein emploi, cette institution nouvelle proposait de belles perspectives professionnelles et aussi une aventure intellectuelle qui avait de quoi griser ceux qui s’y engageaient. De fait, en prenant la mesure des choses par la puissance du calcul, une nouvelle voie d’accès au réel s’ouvrait. Le pouvoir, de plus en plus confronté à la recherche de l’efficacité économique, cherchait à s’y engager. Le récit de vie de Louis Bréas est à resituer dans cette dynamique des Trente Glorieuses. Sa carrière, largement portée par la vague de l’informatisation, s’inscrit dans un mouvement soutenu de développement des connaissances et pratiques statistiques. Mais derrière la froideur des tableaux chiffrés et des organigrammes, l’auteur nous révèle la richesse des relations humaines. Et au-delà de « l’administrateur » Louis Bréas, se dévoile un homme avec son caractère, ses ambitions, ses convictions, ses doutes. Premier prix du concours autobiographique des anciens agents de l’Insee, ce texte, écrit sans fard, nous fait vivre une époque faste de cette administration en perpétuelle évolution.