L’importance des archives comptables médiévales n’est plus à démontrer. Elles ont nourri nombre d’études d’histoire sociale, économique ou institutionnelle. En revanche, l’élaboration des comptes en tant que documents n’a pas donné lieu à une enquête d’ensemble. L’ambition de ce livre, qui rassemble les actes du colloque qui s’est tenu aux Archives nationales et à la Cour des comptes les 10 et 11 octobre 2012 et qui clôturait un cycle de recherche de plusieurs années, était de faire le point sur la question de la fabrique de la norme comptable à la fin du Moyen Âge. Plus précisément, en s’attachant à l’analyse des supports, du format, de l’organisation des comptes, et, au sein de ces derniers, de l’articulation des parties du discours entre elles, ou encore aux savoir-faire mathématiques des agents teneurs de comptes, le livre entend proposer une réflexion sur les enjeux de l’usage de l’écrit comptable par les institutions médiévales, tant laïques qu’ecclésiastiques, à l’échelle européenne. À partir de cette variété institutionnelle, plusieurs questions irriguent les contributions ici rassemblées. Y a-t-il des normes communes pour tenir les comptes ? Sont-elles partout appliquées ? Comment évoluent-elles et comment en contrôle-t-on l’application ? Quelles sont les manières d’identifier, de classer et de compter qui sont utilisées pour gérer le temps, les biens, les personnes ? Organisé en trois grandes parties, qui s’intéressent successivement aux formes et à l’ordonnancement des comptabilités, aux savoirs comptables, à l’ordre du discours, et que prolonge une comparaison avec d’autres périodes et d’autres espaces, le livre se clôt sur la réflexion de praticiens qui replacent la question de la normalisation comptable dans la longue durée, jusqu’à aujourd’hui. Par ses apports et les différents points de vue qu’il croise, cet ouvrage permet de mieux comprendre les transformations cognitives et matérielles qui ont façonné les pratiques de gestion, d’administration et, au-delà, de gouvernement, à la fin du Moyen Âge.