« Les tessons du canari ne sont plus immobiles », disent les Sereer. Dans les campagnes du Sine, au centre-ouest du Sénégal, les tessons de poteries qui jonchent les aires villageoises symbolisent la socialisation et la sacralisation anciennes des lieux ; ils témoignent de l’attachement des paysans sereer à leur terroir. Or, ce confinement dans les vieux pays a cessé, les jeunes gens partent travailler dans les Terres neuves situées à l’est et s’y fixent. Cette mobilité géographique s’accompagne de changements de tous ordres qui mettent à mal les représentations anciennes quelque peu figées du système agraire et de la société rurale des Sereer du Sine. Dans les Terres neuves, une dynamique socio-économique très forte se fonde sur l’extension des espaces productifs et offre des possibilités d’enrichissement aux paysans. Toutefois, les potentiels de production ne semblent guère ménagés pour l’avenir. Les terres de ces exploitants qui n’ont pas rompu avec ceux du Sine constituent un élargissement de l’espace agro-pastoral sereer.