Les habitants des monts Mandara sont des paysans enracinés, qui savent tirer parti d'un milieu naturel difficile. Au nord de Mokolo, où les densités humaines sont très élevées, ils parviennent à subsister et à conserver la fertilité de leurs sols, grâce à des techniques culturales intensives (terrasses, adaptation des semences, engrais). Au sud de Mokolo, les systèmes agraires, d'une étonnante diversité, peuvent se montrer remarquablement performants chez certains groupes ethniques. Progressivement, ces populations sont entrées dans une économie monétaire en développant certaines cultures pour la vente. Depuis 1960, elles sont confrontées à des changements plus radicaux. Les pressions exercées pour qu'elles abandonnent les parties les plus accidentées de leur terroir et s'installent en piémont, la possibilité d'émigrer en plaine, la scolarisation, l'islamisation – qui touche une bonne partie des ethnies du sud –, et enfin les actions menées au plan agricole, ébranlent les structures agraires et sociales traditionnelles. Comment ces sociétés, jusqu'alors très préservées, et chez qui le social, l'agraire et le religieux sont étroitement liés, vivent-elles ces changements ? Quels sont leurs perspectives de développement, mais aussi les risques que représente l'abandon de certaines pratiques agricoles parfaitement adaptées au milieu ?