Cet ouvrage collectif entend revisiter deux monuments historiographiques des études classiques : la réforme de Clisthène (508/507 avant J.-C.), acte de naissance présumé de la démocratie athénienne, et le moment lycurguéen, auquel on attache traditionnellement une vaste entreprise de réorganisation de la cité aux lendemains de la défaite de Chéronée, en 338 avant J.-C. Ces deux événements, qui définissent les contours de ce qu’il est convenu d’appeler l’Athènes classique, invitent à redonner au politique grec ses vraies dimensions, qui excèdent le champ strictement institutionnel. De fait, l’événement clisthénien présente de multiples facettes : il combine des luttes politiques, où l’on devine de véritables innovations institutionnelles, des jeux d’influence socio-économique et un nouveau découpage territorial, débouchant sur la redéfinition de l’identité civique athénienne. En miroir, la période lycurguéenne correspond à une réorientation profonde de la cité, tant sur les plans institutionnel et militaire, que religieux et culturel. On peut même y discerner l’ambition d’une véritable refondation de la société civique, désormais mieux hiérarchisée et formalisant davantage les rapports entre les différentes sphères de l’activité sociale. Ces deux moments charnières offrent ainsi l’occasion rêvée d’entrevoir, à la manière d’une coupe géologique, le politique athénien dans ses multiples articulations.