Howard Hawks (1896-1977) est l’un des plus importants réalisateurs du cinéma hollywoodien : tout spectateur a vu un jour au moins l’un de ses films (Scarface, Le Grand sommeil, Les Hommes préfèrent les blondes ou encore Rio Bravo). Cinéaste de référence de la « politique des auteurs » lancée par les Cahiers du cinéma dans les années cinquante, « redécouvert » alors par une critique américaine qui l’a longtemps mésestimé, on pouvait croire que le cinéma de Hawks avait livré tous ses secrets. Mais depuis le début des années quatre-vingt, mis à part des rééditions d’articles ou l’excellente biographie critique de Todd McCarthy, l’esthétique du cinéma a délaissé Hawks, peut-être trop marqué par des théories dont on est revenu. Pourtant, cette œuvre, par sa rigueur, reste aujourd’hui encore l’une des plus actuelles du cinéma classique, dont certains réalisateurs contemporains, comme Quentin Tarantino, John Carpenter ou Robert Zemeckis, ne cessent de faire l’éloge. Il faut donc réinterroger aussi bien le cinéma hawksien que les discours critiques qui ont contribué à en bâtir les modèles de réception depuis plus de cinquante ans. Telle est la double tâche que se propose cet ouvrage. Rompant avec une certaine vision de l’auteur au cinéma, il entend dégager de l’analyse des films une autre approche du cinéma hawksien, fondée sur une esthétique de la retenue. Il donne également l’occasion d’une nouvelle interprétation de la transparence du cinéma hollywoodien.