Jean Benoit fait figure d’idéal type dans la diffusion des méthodes « modernes » de gestion dans la grande entreprise française de l’entre-deux-guerres aux années 1960. D’abord dans les habits de l’ingénieur organisateur puis comme consultant interne sous le titre de chef du service de l’organisation industrielle pendant et après l’Occupation. Enfin, à partir de la fin des années 1940 comme secrétaire général de Pechiney.

Les dirigeants de ce groupe (connu alors sous le nom d’Alais, Froges et Camargue ou AFC), Louis Marlio et Raoul de Vitry en premier lieu, eurent le talent de repérer chez Jean Benoit des qualités de curiosité et d’intelligence qui le démarquèrent des autres ingénieurs et directeurs d’usines de sa génération. Il se distingua par une capacité marquante : celle de capter puis de diffuser au sein et à l’extérieur de l’entreprise des innovations fortes en matière de gestion. À cet égard Benoit est un témoin important d’une période historique entre 1929 et l’orée des années 1960 qui vit pour beaucoup d’entreprises françaises la mise en œuvre de méthodes de gestion résolument nouvelles comme le contrôle budgétaire, la diffusion des tableaux de bord et l’adoption de structures multidivisionnelles.

Si Benoit a peu écrit, mis à part pour rendre compte en interne de différentes expériences, il a par contre beaucoup donné de son temps pour exposer oralement devant des publics variés ses conceptions en matière d’organisation et de gestion et leur mise en œuvre chez Pechiney. La présente étude est basée sur l’analyse de différents textes de conférences données ou écrits par Jean Benoit et sur ses dossiers personnels conservés dans les archives centrales de Pechiney (aujourd’hui Alcan-Pechiney).