«Un individu ne peut appréhender qu’un nombre limité de choses à la fois. La raison fondamentale pour laquelle la définition de la situation par un responsable diffère largement de la situation objective est que celle-ci est beaucoup trop complexe pour être saisie dans tout son détail. La conduite rationnelle implique la substitution à la réalité complexe d’un schéma de la réalité assez simple pour pouvoir être pris en charge par une activité résolutoire. »
Ainsi s’expriment March et Simon dans leur livre Les Organisations. Cette relation entre la dérangeante complexité des situations de management et l’indispensable simplification pour l’action constitue le cadre dans lequel s’inscrivent les contributions de Herbert Simon (1916-2001) à la discipline de contrôle de gestion. Certaines de ces contributions se rapportent davantage au management général qu’au contrôle de gestion. C’est le cas, entre autres, des concepts de rationalité limitée, de processus de décision des dirigeants dans un contexte de rationalité limitée, de latitude discrétionnaire des managers évalués sur leurs résultats, de relation séquentielle entre processus d’adaptation et processus d’apprentissage au sein des organisations, de couple rétribution-contribution comme motif de l’action, d’intuition comme sous-produit de l’expérience et de perception sélective, donc appauvrie. D’autres contributions aidant à simplifier les situations en vue de favoriser l’action au sein des organisations concernent directement les fondements du contrôle de gestion. L'auteur a choisi d'en sélectionner cinq, parce qu’elles illustrent particulièrement l’influence considérable de la pensée de Simon sur cette discipline : le rôle des contrôleurs de gestion dans les grandes entreprises, les buts organisationnels, l’efficience, les faits et valeurs dans les décisions, et les chaînes fins-moyen.