L’expression détaillée des recommandations du Sommet mondial pour le développement durable, qui s’est tenu à Johannesburg en 2002 et de celles du Congrès mondial sur les parcs de Durban en 2003 souligne l’indispensable association de toutes les parties prenantes aux différentes étapes de la constitution et de la mise en œuvre d’une aire protégée, particulièrement dans le cas des aires protégées gérées principalement à des fins d’utilisation durable des écosystèmes naturels (catégorie VI de l’UICN) ; elles appellent à la reconnaissance et au respect de la propriété coutumière, des droits d’usage et d’accès des populations locales. L’importance de la gouvernance est ainsi explicitement reconnue. L’objectif de la mise en œuvre d’une bonne de gouvernance des aires marines protégées conciliant préservation des ressources et développement socio-économique est particulièrement difficile à atteindre dans les pays les moins avancés dans un contexte caractérisé par la complexité des organisations sociales et institutionnelles ainsi que par des taux de croissance de la population parmi les plus élevés du monde. De ce point de vue, les aires marines et côtières ouest-africaines apparaissent comme un cas d’école. Les recherches entreprises ont mis en exergue les principales contraintes qui pèsent sur les aires marines et côtières protégées ouest-africaines et ont permis de caractériser les modes de gouvernance. Leur comparaison a mis en lumière des problèmes transversaux et quelques impasses. Au regard de celles-ci, la nécessité d’une reconfiguration de la gouvernance des aires marines protégées et des politiques publiques s’impose. Cette reconfiguration est amenée à transformer le fonctionnement de ces espaces protégés en adaptant les statuts juridiques et institutionnels et, concomitamment, les moyens d’action par la réhabilitation de l’administration publique, l’affermissement des processus de décentralisation, la reconnaissance et la garantie de droits d’usage territoriaux, le développement d’un écotourisme communautaire ou cogéré, planifié et intégré aux politiques de développement touristique des pays. C’est une coopération scientifique entre chercheurs du Nord et du Sud, entre chercheurs d’organismes de recherche publics et enseignants-chercheurs universitaires qui a rendu possible ce travail. Grâce à un dialogue interdisciplinaire, ce livre ouvre des perspectives méthodologiques et contribue à une réflexion sur la gouvernance des aires marines protégées et plus généralement sur la gouvernance environnementale dans les pays en développement.