Autour des années soixante, des cinéastes tentent de se rapprocher des personnes filmées et de donner la parole aux protagonistes dans un son direct et synchrone. Partant du point de vue des techniciens, ce livre explore les différentes manières dont les cinéastes du direct accompagnent l'évolution des techniques et des mentalités à l'Office national du film du Canada. Basée sur une exploration des archives techniques, la rencontre avec des témoins et une analyse de la production de l'Office, dont les films oubliés du Canadien-français Pierre Petel ou les classiques du cinéma québécois Les Raquetteurs ou Pour la suite du Monde, ce livre replace l'évolution légère et synchrone dans l'histoire du cinéma et des techniques. En effet, c'est en cherchant à s'adapter à la réalité filmée, au lieu d'organiser le réel en fonction de la caméra comme dans les cinémas classiques, que les cinéastes provoquent une évolution légère et synchrone des dispositifs, s'inscrivant ainsi dans une tendance alternative du cinéma. Plus largement, les techniques légères et synchrones participent à l'électrification de l'image audiovisuelle : d'un côté, cette évolution est rendue possible par la régulation des moteurs électriques et l'enregistrement magnétique du son. De l'autre, certaines des innovations proposées par les techniciens du direct (time code, lentilles, ergonomie des caméscopes ou micro-trottoir) servent de base au développement de la vidéo légère dans les années soixante-dix, modifiant notre conception de la technique audiovisuelle.