Pourquoi étudier les échanges dans les « importuosa Italiae litora », ces plages inhospitalières de la Daunie et du Samnium archaïques que les navigateurs anciens craignaient et les chercheurs modernes ont souvent délaissées ? Car nous étions persuadée que la vision traditionnelle de ces civilisations antiques ne correspondait plus à l’image que les recherches archéologiques récentes permettent de reconstituer. Ainsi, nous nous sommes attachée à l’étude du littoral adriatique compris entre les embouchures des fleuves Ofanto et Biferno, peuplé par les Frentans au nord et par les Dauniens au sud, entre le viiie et la fin du vie siècle av. J-. C. C’est une époque où la péninsule italique est sécouée par des grands bouleversements historiques qui ont touché, il est vrai, de façon seulement marginale et indirecte ces régions adriatiques. Et pourtant, le processus d’articulation sociale perceptible dans ces sociétés suppose des changements profonds dans plusieurs domaines, y compris dans la production et dans l’échange du surplus. Seulement, les traces de ces transformations sont à rechercher non pas tellement dans la quantité des biens importés mais dans leur qualité, moins dans la circulation des objets que dans l’accumulation de la richesse et dans l’assimilation des rituels. Ce sont justement les aspects que nous avons privilégiés dans notre travail. Quant à l’espace de cette enquête, il est évident que le découpage choisi, notamment sa frontière interne, garde un quelque peu d’indétermination. C’est pourquoi nous avons souvent évoqué les affinités perceptibles avec des sites de l’arrière-pays, qui dépassent notre domaine d’investigation.