Malgré les sécheresses, le surpeuplement rural et la paupérisation, la petite région du Wolaita, au sud de l’Éthiopie, avec ses paysages verdoyants, échappe difficilement à son image d’Éden véhiculée par les voyageurs du XIXe siècle. Ancien grenier de l’empire éthiopien, montagne paysanne aménagée selon un remarquable savoir-faire, le Wolaita connaît pourtant un inexorable déclin. Loin des clichés et grâce à une analyse régionale soucieuse d’intégrer les dynamiques économiques et politiques, l’auteur restitue, sur plus d’un siècle, la lente transformation de ce petit pays. Depuis l’époque du conquérant Ménélik II jusqu’à la période socialiste en passant par le règne du Négus, elle retrace l’histoire du peuple d’agriculteurs-jardiniers du Wolaita, contraint à s’adapter au jeu des politiques successives. Entre l’intégration dans l’Éthiopie moderne et les spécificités régionales, entre l’ouverture économique et les sursauts identitaires, l’auteur montre comment s’élabore la construction territoriale actuelle, jusque dans ses espaces les plus reculés. Dans cette marche vers la modernité, la chute de l’Éden éthiopien ne préfigure-t-elle pas l’avènement d’une Éthiopie nouvelle ? L’ouvrage s’adresse tant aux géographes qu’aux économistes, mais également aux historiens et agronomes, ainsi qu’à tout lecteur concerné par les questions de développement.