Étienne Pivert de Senancour (1770-1846) fait partie de ces auteurs issus du premier romantisme injustement oubliés aujourd’hui. Nombreux sont ceux pourtant parmi les plus grands de la littérature à reconnaître en lui un talent rare d’écrivain, que ce soit Nerval, Charles Nodier, Balzac, George Sand ou bien Proust. Sainte-Beuve consacre à Oberman de longues pages empreintes de louanges et d’admiration dans ces Critiques et Portraits littéraires, avant de conclure : « Je recommande tout ce livre, qui est une belle fin consolante à méditer [...], breuvage indispensable après le philtre, rosée du soir après un jour ténébreux, délicieuse à sentir, en vérité, quand elle tombe sur un front brûlant qui fut atteint du mal d’Oberman. » Senancour dépeint dans ce recueil de lettres — dont on ne connaîtra pas le destinataire — ce qui deviendra l’archétype du héros romantique, âme tourmentée par la mélancolie, la solitude et la tristesse, qui ne trouve réconfort et apaisement que dans la contemplation méditative de la nature.