Ce livre analyse le changement systémique post-socialiste en République de Moldavie. Il mobilise la problématique du capital social au sens de Pierre Bourdieu afin d’analyser la diversité de stratégies et de trajectoires des « intellectuels » – définis au sein de la société moldave de type soviétique par la possession d’un diplôme d’études supérieures ou supérieures incomplètes et par l’accomplissement d’un travail non manuel – dans le post-socialisme. Appuyant les résultats de deux enquêtes de terrain, par questionnaire et par entretien semi-directif, ce travail met en avant l’idée que cette diversité peut dégager les traits caractéristiques du type de capitalisme post-socialiste moldave. Il rompt ainsi avec une vision téléologique et universaliste d’un système pour le penser selon ses propres particularités institutionnelles, historiques, politiques, culturelles, etc. S’inscrivant dans une démarche socio-historique et conjuguant différents champs des sciences sociales, cette recherche apporte une lecture comparative entre la trajectoire de ces « intellectuels », de 1980 à 2000, période couvrant trois régimes spécifiques d’accumulation : un propre à la fin du système socialiste de type traditionnel, un autre propre au système socialiste réformateur et un troisième relevant du système post-socialiste moldave. Elle montre que les tensions engendrées par les différents régimes d’allocation et de distribution des ressources peuvent être régulées par le volume du capital social accumulé par les individus. La problématique du capital social apparaît ainsi centrale, permettant de voir comment s’articulent la dynamique institutionnelle et l’action sociale.