Défricher la mosaïque provinciale à travers l’exemple du barreau marseillais : telle est la perspective dans laquelle il est nécessaire de se placer. Cette étude entend analyser et croiser les dimensions judiciaire et politique de la profession d’avocat à Marseille, pour l’ensemble des xviiième et xixème siècles, en s’articulant autour de repères chronologiques précis qui répondent autant à des considérations purement pratiques, liées aux sources disponibles, qu’à des réflexions directement thématiques. Dans le cadre qui vient d’être défini, sera envisagée l’existence d’une dualité de la figure de l’avocat, perpétuellement tiraillé entre l’exercice quotidien de sa profession, pétri d’enjeux judiciaires répondant aux mutations de la fonction à l’échelle nationale, et l’affirmation de prétentions politiques, souvent personnelles, locales et ponctuelles, intervenant indifféremment dans le cadre public de la Cité ou dans celui de la Nation et participant de la genèse de la modernité, puis de l’enracinement républicain. Il sera alors démontré que l’hétérogénéité de l’action politique sert de contrepoids à l’homogénéité des enjeux professionnels, aussi bien sur le plan collectif que sur celui individuel, et que les avocats de Marseille forment un barreau à la fois classique et original.