Ce ne sera pas le moindre paradoxe que de trouver dans cette contribution sur la consommation, un chapitre sur Marcel Mauss. Il faut dire que ce « célébrissime inconnu » (Tarot, 2003) occupe un espace particulier au panthéon des socio-anthropologues.
Pourtant, par ses articles, ses notes d’ouvrages et ses cours, Mauss va ouvrir la voie à un nombre de chercheurs considérable qui alimenteront et irrigueront le fleuve des sciences humaines et sociales du XXe siècle.
Nous ne retiendrons ici que les travaux, concepts et notions qu’il nous semble possible de mobiliser dans une lecture de la consommation contemporaine. Nous partirons de quelques-unes de ses intuitions pour voir comment elles ont été ensuite creusées et comment elles nous donnent aujourd’hui matière à comprendre la consommation. La première intuition bien entendu concerne le don plus précisément l’Essai sur le don et sa réception dans les sciences sociales et humaines. Cette partie occupera une grande part de nos propos. La seconde, que l’on abordera à partir des techniques du corps, nous permettra notamment d’ouvrir le champ entier de la culture matérielle (Warnier), de la corporéité mais également de revenir in fine sur la notion d’homme et de fait social total.