A la fois magistrat, criminologue, philosophe, sociologue et psychologue, Gabriel Tarde a tenté durant sa vie d’apporter un regard différent et novateur sur les sciences humaines et sociales, allant de l’épistémologie sociologique à la compréhension des phénomènes sociaux à partir des comportements imitatifs. Bien que considéré par beaucoup comme le père de la psychologie sociale ou de la microsociologie (Deleuze, 1969), les travaux de Gabriel Tarde n’ont pas connu un succès unanime, caché dans l’ombre d’un Emile Durkheim dont les principes théoriques ont été davantage plébiscités. Pourtant, il semble que les travaux de Tarde, et leur caractère fondateur, retrouvent une place dans les réflexions contemporaines, certains auteurs allant même jusqu’à parler d’une véritable « Tardomania » (Mucchielli, 2000). L’héritage tardien est aussi éclectique que son parcours professionnel et scientifique. Si Gabriel Tarde est surtout reconnu pour ses travaux sur l’imitation (Tarde, 1890, 1897, 1898) et la foule (Tarde, 1901), il n’en est pas moins l’auteur d’ouvrages scientifiques s’ouvrant à d’autres univers de réflexion tels que le droit (Tarde, 1886, 1894), l’économie (Tarde, 1902) ou la philosophie (Tarde, 1890), tenant, cependant, une ligne de pensée et une lecture épistémologique de la société commune à tous ces travaux.