Asclépios et Hippocrate sont tous deux associés à l'art médical dans la Grèce antique. Cependant, l'un appartient au monde des dieux et l'autre est mortel. La distinction est d'importance et reflète adéquatement les deux conceptions de la médecine que ces noms portent en eux, l'une généralement qualifiée de « religieuse » et l'autre de « rationnelle ». Ces deux facettes de la médecine antique sont au cœur de la présente étude, qui s'attache à en redéfinir la portée et la complémentarité. Centrée sur la Carie, une région d'Asie Mineure qui a livré une documentation abondante, l'analyse aborde les cultes guérisseurs patronnés par Asclépios, mais aussi par Pluton et Coré à Acharaca, Men à Attouda ou encore Hémithéa à Castabos. Quant aux médecins, ils formaient une « école » célèbre à Cnide dès la période classique et à Laodicée du Lycos à l'époque impériale, mais certains d'entre eux pratiquaient de manière indépendante de toute « secte » établie. En embrassant d'un même regard des pratiques dont l'étude est souvent éclatée dans les recherches modernes, ce livre offre une vision nuancée des interactions qui existaient entre cultes guérisseurs et pratique médicale, rendant à la médecine antique l'unité qui était la sienne.