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grande couv
"Quand le consommateur regarde les choses du marché..."
Franck COCHOY, Alexandre Mallard
Editeur: Éditions EMS
3,99 €

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Nous ferons l’hypothèse que l’apport le plus original de la sociologie de l’acteur-réseau à l’analyse des phénomènes de consommation concerne la manière dont elle interroge le rôle qu’y jouent les objets. Depuis plus de trente ans en effet, les sociologues de ce courant se sont évertués à montrer à quel point les entités non humaines contribuent à redéfinir les acteurs et ce qu’ils font. Leur démarche est une exhortation à enrichir le regard porté traditionnellement sur la consommation par les différents spécialistes qui s’y sont intéressés. On a trop longtemps confondu étude de la consommation et étude du consommateur. Certes, un des bénéfices des travaux réalisés par la consumer research est d’avoir montré que le comportement des consommateurs relève à la fois de l’anthropologie, de la psychologie et de la sociologie de la consommation (Cova et Cova, 2009). D’autres recherches ont souligné, inversement, le rôle joué par les professionnels du marché : les travailleurs du marketing, de la distribution, du merchandising ou de la logistique, qui mobilisent des savoirs et des savoir-faire spécialisés pour cadrer et arranger la scène d’échange, contribuent fortement à mettre en forme les actes de consommation (Cochoy et Dubuisson-Quellier, 2000 ; Araujo et al., 2010 ; Cayla et Zwick, 2011). En braquant le projecteur sur les « choses du marché », l’approche de l’acteur-réseau invite à revisiter les phénomènes de consommation au carrefour de ces deux perspectives et à suivre dans un même geste consommateurs et professionnels, sans restreindre pour autant l’analyse à l’un de ces deux pôles ou exclure l’un des deux. Ce sont les origines, les fondements et les voies d’une telle approche que nous voudrions décrire ici. Dans un premier temps, nous présenterons quelques points de repère élémentaires concernant les notions et approches développées dans ce courant, en pointant le projet de « sociologie orientée objet » qu’elles visent. Puis, nous montrerons comment cette démarche peut être mise à profit dans l’analyse des processus de consommation à proprement parler.