Histoire d'une rébellion
Charles Mast
Editeur: Plon (Réédition Numérique Fenixx)
On a beaucoup écrit sur le drame du 8 novembre 1942, et sur les conditions du Débarquement anglo-américain en Afrique du Nord mais, jusqu’ici, les récit concernant cette opération étaient présentés par des acteurs ayant tenu - le plus souvent - un rôle secondaire. Pour la première fois, l’acteur principal prend la parole : "J’étais le délégué du général Giraud pour toute l’Afrique du Nord, et désigné par lui comme chef de la Résistance militaire dans cette région. À ce titre, j’ai organisé la préparation de l’aide française aux Alliés, et ai pris les décisions qui, dans des conditions difficiles, ont conduit au succès de l’opération. L’action dont j’ai pris la responsabilité devant, pour réussir, rompre avec le devoir d’obéissance envers le haut commandement, et le gouvernement de Vichy ; l’exécution des ordres aurait abouti à un désastre national, en laissant le temps aux Allemands - qui occupaient l’Italie - d’intervenir militairement en Algérie, puis au Maroc, une révolte morale était donc nécessaire. J’insiste sur le caractère impératif de la rébellion. Une telle prise de position, si contraire à la discipline, a naturellement soulevé des rancœurs chez les chefs que j’avais dû - momentanément - neutraliser, ou des critiques de la part d’une fraction importante de l’armée. C’est la raison pour laquelle j’ai estimé nécessaire de garder le silence depuis 1942. Vingt-cinq ans ont passé ; la situation a évolué, et bien des esprits ont compris que l’intérêt supérieur de la patrie devait, dans des circonstances exceptionnelles, primer le devoir d’obéissance de l’officier. Je crois donc nécessaire de présenter, pour l’Histoire, les faits et les événements tels qu’ils se sont réellement passés. D’autre part, les Anglo-Américains débarquant en Afrique du Nord sont intervenus, le 8 novembre 1942, avec des effectifs nettements insuffisants, que l’armée française d’Afrique était en mesure de rejeter à la mer en quelques jours si les ordres du gouvernement du Maréchal avaient été exécutés ; il met en vedette le péril extrême couru par les Alliés, et le caractère indispensable de l’aide que nous leur avons apportée pour rendre possible le succès du plan de Débarquement." Cet ouvrage fournit un exposé historique entièrement nouveau, et remet à leur place - ou à leur niveau - les différents participants de l’aide française au Débarquement allié. Il relève, d’autre part, les faiblesses de la stratégie américaine en Afrique du Nord, faiblesses compréhensibles de la part d’une très jeune armée, dont la haut commandement manquait encore de l’expérience de la guerre. »