Rome est une cité qui a conquis un empire, en établissant d’abord son hégémonie sur l’Italie, dont les peuples lui ont fourni hommes et ressources. Cet ouvrage étudie les structures de l’Italie romaine (la terre et les hommes, les productions, les échanges, les finances, l’armée, les institutions), puis les évolutions et dérèglements qui entraînèrent la fin de la « libre République » et conduisirent au pouvoir d’un seul homme.
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Le premier tome envisage les ressources et les hommes de la conquête, ainsi que les structures qui unissent Rome et ses alliés, d’une part, les Romains entre eux, d’autre part. Si le commentaire des auteurs anciens forme le cœur des chapitres consacrés aux institutions, à la vie politique et aux structures sociales, ce premier tome débute par une reconstitution de l’état démographique et économique de la péninsule, qui joua un rôle essentiel dans la conquête. Si la constantia et la virtus romaines expliquent en partie les succès militaires et la résistance à l’adversité, ce livre rappelle à propos que les Pères pouvaient compter sur une immense réserve d’hommes et de ressources, ce qui vient éclairer les nombreux moments où la cité surmonta des épreuves qui en auraient condamné une autre, des désastres subis face à Hannibal jusqu’aux guerres civiles menées sans jamais ouvrir une brèche aux envahisseurs étrangers. Si le second tome insiste sur le rôle des dirigeants romains et la présentation de leurs adversaires, ce premier tome s’attache à la constitution de la cité romaine, au sens le plus large et pas seulement juridique. Alors que la plupart des cités et des Etats que combattit Rome s’abîmaient dans la stasis – à l’exception significative de Carthage –, la cité romaine, si elle compta quelques personnages d’exception, est dans ce tome envisagée davantage comme un ensemble. Le rôle des individus dans la conquête n’est certes pas négligeable, mais il convient d’abord, ne serait-ce que pour évaluer exactement le rôle des individus, d’examiner les fondements de la puissance romaine, ses ressources, ses institutions et la façon dont elle sut poursuivre, au prix de solutions de plus en plus violentes à mesure que l’accroissement de l’Empire et du rôle du peuple attisait la compétition aristocratique, la conquête du monde méditerranéen. Voltaire écrivait dans les Lettres anglaises que les nobles Romains tournaient l’agressivité de la plèbe vers l’étranger de peur que, laissée oisive, elle ne s’en prît à ses maîtres pour revendiquer sa liberté. Ce premier tome est l’histoire de ce conflit interne.
(P. Prigent)