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grande couv
Fictions nationales. Cinéma, empire et nation en Ouzbékistan (1919-1937)
Cloé Drieu
Editeur: Karthala
22,99 €

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L’Union des républiques socialistes soviétiques formait-elle un empire ? Comment les États-nations d’Asie centrale – et l’Ouzbékistan en particulier – ont-ils émergé et comment se sont-ils consolidés à la veille de la Seconde Guerre mondiale ? Comment se traduit la violence stalinienne dans la région ? C’est en étudiant le cinéma de fiction produit dans l’entre-deux-guerres en Ouzbékistan que Cloé Drieu répond à ces questions et expose précisément les mécanismes d’assujettissement, tant institutionnels que symboliques, de la périphérie ouzbèque au centre moscovite.

En effet, le film, parce qu’il est au coeur d’enjeux politiques et économiques, mais aussi parce qu’il relève de la construction d’imaginaires, tant nationaux qu’impériaux, est un fil conducteur singulier. De 1924, date de naissance politique (création de l’Ouzbékistan soviétique) et cinématographique (réalisation du premier film de fiction), à 1937, date de la terreur stalinienne mais aussi du passage au cinéma parlant, le film suit les circonvolutions de l’histoire tragique des premières élites nationales dans le premier tiers du XXe siècle. Comment les cinéastes ouzbeks se sont-ils emparés de la caméra ? Quels regards ont-ils porté sur l’aventure révolutionnaire ? Comment l’ont-ils traduite cinématographiquement ? Et, finalement, comment ont-ils perdu, temporairement, l’usage de la « parole cinématographique » ?

Fruit d’une dizaine d’années de recherches sur des documents filmiques et administratifs consultés dans les archives nationales ouzbèques ou dans divers sites archivistiques à Moscou, cet ouvrage offre un regard neuf sur l’histoire du cinéma soviétique, en s’intéressant à un cinéma national inconnu jusqu’alors. Mais surtout, en privilégiant un regard décentré pour donner la priorité à la périphérie, il permet de saisir la constitution des grandes matrices idéologiques, encore majoritairement à l’oeuvre aujourd’hui. En abordant les questions de domination, d’hégémonie et de violence, d’empire et de nation, de résistance et de consentement, il s’insère pleinement dans les débats actuels des sciences sociales.