Les villes d'Afrique tropicale
Pierre Vennetier
Editeur: FeniXX réédition numérique (Masson)
Déclenchée tardivement, après la Seconde Guerre mondiale, l’urbanisation de l’Afrique tropicale s’est effectuée à un rythme rapide ; aujourd’hui, les citadins sont environ 110 millions (un quart de la population), 150 à 160 agglomérations dépassent 100 000 habitants, et une bonne quinzaine d’entre elles sont des cités « millionnaires ». À l’origine de cette évolution : un exode rural, puissant et continu, auquel s’est ajouté plus tard un excédent naturel démographique, conséquence d’une natalité élevée et d’une réduction de la mortalité. L’organisation de l’espace et les paysages urbains reflètent l’origine coloniale de la plupart des villes, dans une dualité dont les trente dernières années ont plutôt accentué le caractère socio-économique. Ils trahissent également l’incapacité des pouvoirs publics à maîtriser une croissance spatiale, qui est — pour l’essentiel — le fruit de l’initiative privée, « productrice » de quartiers périphériques sous-équipés et en extension permanente, où les conditions de vie sont souvent difficiles. Un caractère original des villes africaines, est la pérennité d’activités de type rural, constituant un secteur primaire de type traditionnel vivace, mais qui a su aussi s’adapter à des besoins nouveaux. Sauf dans quelques cas, l’industrie, freinée par l’étroitesse des marchés nationaux, reste peu développée, tandis que le secteur tertiaire occupe une position dominante sous divers aspects, dont ceux de la fonction publique, et surtout d’un commerce multiforme et omniprésent qui est — pour beaucoup de citadins sans ressources régulières — le seul moyen de survivre. L’urbanisation — en Afrique tropicale — est-elle un bien ou un mal ? Il est vain de poser la question : les villes sont là et elles vont continuer de grandir. Ce qui importe, c’est de leur faire jouer un rôle plus actif dans le développement économique de pays, où les disparités régionales restent encore très accentuées.