Secrétaire, secrétariat : une figure aujourd’hui omniprésente, une présence qui va de soi. Il fut un temps où le secrétaire était un domestique, un intime, gardien des secrets et des affaires privées de son maître.
L’enquête de Nicolas Schapira met en lumière l’apparition de ce couple, où l’un décide tandis que l’autre conseille, écrit, et tient mémoire. C’est entre Renaissance et âge des Lumières, au moment où le papier devient le support de toute décision, que paraît ce personnage nouveau, pouvant être simple scribe comme conseiller des princes, reconnu pour son expertise. Quelle que soit sa condition, le secrétaire est une silhouette de l’ombre : des traités sont écrits pour louer son action et ses compétences, mais les contemporains dénoncent son influence excessive et son ubiquité.
Associant les méthodes de l’histoire et des sciences sociales, ce livre raconte l’ascension d’un groupe qui ne s’identifiait ni à un métier ni à un statut, mais dont le pouvoir s’accrut à mesure que l’État se construisait sous l’Ancien Régime et qu’il pénétrait progressivement toutes les strates de l’administration, jusqu’à nos jours.
Agrégé et docteur en histoire, Nicolas Schapira est professeur d’histoire moderne à l’Université Paris Ouest Nanterre. Il est l’auteur, notamment, de Un professionnel des lettres au XVIIe siècle. Valentin Conrart : une histoire sociale, Champ Vallon, 2003 ; et (en collaboration) de Histoire Littérature Témoignage. Écrire les malheurs du temps, Gallimard, 2009.