Peint en 1808 pour une salle d’audience du Palais de Justice de Paris, le tableau de Pierre-Paul Prud’hon, La Justice et la Vengeance divine poursuivant le Crime, a toujours été considéré comme un chef-d’œuvre du romantisme français, mais a rarement été étudié sous l’angle de l’histoire du droit pénal. Pourtant, les débats contemporains autour de la question du libre arbitre jouèrent un rôle fondamental dans le choix de son iconographie. Selon la conception invoquée par Prud’hon, l’homme agissant librement est pleinement responsable de ses actes, y compris de ses crimes – responsabilité qui confère au législateur le droit moral de fixer des sanctions, même sévères. Les réflexions d’Emmanuel Kant revêtent dans ce contexte une importance majeure. Prud’hon en eut probablement connaissance par l’intermédiaire du commanditaire du tableau, Nicolas-Thérèse-Benoît Frochot, préfet du département de la Seine, auquel est attribuée ici la paternité du programme iconographique. À travers la présente monographie, Thomas Kirchner montre combien cette célèbre peinture est l’exact reflet des discussions juridiques et philosophiques qui animèrent la France révolutionnaire, et donnèrent naissance au nouveau Code pénal et à un nouveau Code d’instruction criminelle.