Les compagnons de la Commanderie
Jean Schelstraete
Editeur: FeniXX réédition numérique (Amis du Musée du papier)
Il arriva dans la nuit de la Saint-Jean d’Été, peu avant le lever du jour. Comme David, inspiré par Jehovah, vint sur l’aire d’Arauna tracer les limites du temple des Juifs, le frère Renaud priant Dieu et invoquant la Sainte Vierge Marie et Michel l’Archange, fit quelques pas vers la fontaine Sainte Anne, et désigna le point qui devait devenir le cœur du futur sanctuaire. Le soleil du solstice d’été annonçait sa lumière, là-bas au-delà de la vallée du Morin. L’architecte, aidé du maître maçon, marqua le point désigné par frère Renaud, et attendit que le premier rayon du soleil vint le toucher. Alors, s’éloignant de quelques toises, il planta son jalon dans l’ombre projetée. À dix heures du soir, les équipes se mettaient en place. De temps à autre, elles permutaient entre elles, afin de rompre la monotonie. Cossard, flemard, endormi, n’existèrent pas au vocabulaire de la Commanderie cette nuit-là. La grâce toucha toutes et tous qui, soudain, ne connurent plus que l’efficacité. Et les voûtes avançaient, avançaient comme par la magie d’un Maçon suprême. Et le problème des raccords ne se posa plus, car il n’y aurait plus de raccord ! À cinq heures du matin, tout était fini.