« La première des choses que l’on doit observer strictement dans son régime de vie, c’est une sobriété régulière et une tempérance absolue ; il faut éviter avec soin les excès de tout genre. On dirait que cette terrible maladie n’est devenue tellement fréquente de nos jours que pour les punir et en être le juste châtiment. L’homme, par ses inventions surprenantes et ses immenses progrès, semble dire, dans son orgueil, sa fierté et sa folle indépendance, qu’il peut se passer de Dieu ; et Dieu lui fait voir, en le brisant tous les jours au milieu de ses beaux rêves, qu’il n’est rien et que sa science et ses progrès n’iront que là où il voudra. Quoi qu’il fasse, quoi qu’il dise, s’il veut rendre plus rares les cas de ce terrible fléau qui décime la société et qui la frappe comme la foudre, il faut qu’il revienne au régime simple de ses pères et à leur frugalité, ou du moins qu’il ne se laisse pas entraîner par cet amour du bien-être et des excès qui aujourd’hui est de mode pour tous. C’est là, Docteur, le grand écueil selon moi, et la cause principale de beaucoup de maux qui nous assiégent.
— Vous avez parfaitement raison, Monsieur le Curé ; il est reconnu par tous les hommes sensés et réfléchis que la tempérance est la mère de la santé et la prolongation de la vie.
— Le régime qu’il faut suivre, Docteur, consiste donc à éviter les moindres excès de boissons enivrantes et fermentées, surtout les alcools qui mettent, pour ainsi, dire le sang en ébullition. Il ne faut prendre de café que rarement ; ou bien si on en prend journellement à l’eau, il faut avoir soin de le couper avec du lait et de peu le charger. Il ne faut pas se nourrir exclusivement de viandes et d’aliments trop succulents ; il faut donc manger autant de légumes que de viandes, et surtout des légumes. rafraîchissants. Il faut éviter encore les indigestions et tout ce qui peut donner trop de flatuosités ; en un mot, on doit observer fidèlement la sobriété ; il faut se livrer à un travail modéré, à quelque exercice du corps chaque jour, à quelques distractions agréables et qui ne demandent pas trop d’application. Il faut avoir soin d’entretenir une douce chaleur aux pieds, ne pas s’exposer à des transitions trop brusques de température ; ne pas trop se couvrir ni se serrer et être à l’aise dans ses vêtements ; ne pas se laisser affecter par trop de joie ou de tristesse. Il faut autant que possible faire usage de nourriture qui ne constipe point, afin d’avoir toujours le ventre libre. »
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.