« Parmi toutes les munificences dont il a plu à Dieu d’orner notre séjour terrestre, il n’en est peut-être pas qui nous parle mieux que la plante de la puissance, de la bonté, de la sollicitude de son infinie Providence.
Sans le règne végétal, la vie serait à peu près impossible à la surface du globe. Comme elle devient facile, gaie, agréable, dès que l’herbe, l’arbuste et l’arbre lui apportent le concours de leurs discrètes utilités, la joie, et on pourrait presque dire le réconfort de leur douce et calme beauté.
“Admirez, s’écrie Fénelon, les plantes qui naissent de la terre ; elles fournissent des aliments aux sains et des remèdes aux malades. Leurs espèces et leurs vertus sont innombrables ; elles ornent la terre, elles donnent de la verdure, des fleurs odoriférantes et des fruits délicieux ! Voyez-vous ces vastes forêts qui paraissent aussi anciennes que le monde ? Ces arbres s’enfoncent dans la terre par leurs racines, comme leurs branches s’élèvent vers le ciel...
En été, ces rameaux nous protègent de leur ombre contre les rayons du soleil ; en hiver, ils nourrissent la flamme qui conserve en nous la chaleur naturelle.
Leur bois n’est pas seulement utile pour le feu ; c’est une matière douce, quoique solide et durable, à laquelle la main de l’homme donne sans peine toutes les formes qu’il lui plaît pour les plus grands ouvrages de l’architecture et de la navigation. De plus, les arbres fruitiers, en penchant leurs rameaux vers la terre, semblent offrir leurs fruits à l’homme...”
Ainsi se trouve définie, avec simplicité, élégance et plénitude, la nature des services que le Créateur nous autorise à demander aux végétaux.
Les inéluctables exigences de l’estomac nous obligent à y puiser la plus grande partie de nos aliments : avec quelle admirable émulation ils se prêtent à satisfaire sur ce point non seulement nos besoins, mais même nos plaisirs ! »
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.