« Un traité spécial d’application pratique est utile après la théorie pure : or, personne, il y a peu d’années encore, n’avait songé à écrire ce complément de tous nos livres d’archéologie, d’iconographie et d’esthétique ; aussi, malgré la propagation des connaissances archéologiques, le nombre des actes de vandalisme et de mauvais goût va-t-il croissant. Le désir de faire un nouvel effort en faveur de la conservation intégrale de nos monuments historiques m’a poussé, après l’épuisement de la première édition, à remettre au jour un livre que, sans cela, j’aurais peut-être laissé tomber dans la catégorie des volumes recherchés surtout à proportion de leur rareté. Mais je ne suis pas le seul qui s’attriste de voir ravager la plupart des églises où l’on fait des travaux neufs, et effacer avec une lamentable indifférence les marques de l’ancienne civilisation française. J’ai été pressé de lancer plus avant dans la circulation un travail qui n’avait guère été lu que par des archéologues et des érudits.
Si cet écrit peut contribuer à affaiblir la dévorante activité du vandalisme contemporain, il est grand temps qu’il arrive aux mains de nos bons curés de campagne et de nos administrateurs de tout degré, qui autorisent et encouragent parfois comme des œuvres de progrès et de bon goût les étranges travaux entrepris non seulement dans les bourgades écartées, mais encore dans plusieurs grandes villes. Depuis dix ans que ces Principes d’archéologie pratique et appliquée ont paru, des centaines d’églises ont été restaurées à tort et à travers, raclées, barbouillées, plâtrées à l’intérieur et à l’extérieur, avec les fonds des fabriques, des communes, des départements, et, hélas ! souvent aussi avec l’argent des fidèles. »
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.