« On a dit qu’il n’y avait rien de nouveau sous le soleil. Ceci est vrai peut-être plus encore dans le domaine de la nature, où tout est un perpétuel recommencement. La crue de 1910 a été précédée de phénomènes analogues, au cours des siècles précédents. Elle sera peut-être suivie d’inondations non moins inattendues, les mêmes causes devant avoir les mêmes résultats. Si l’on considère attentivement les documents du passé, on peut remarquer que les mêmes quartiers ont été inondés en 1658, en 1740, en 1802 et en 1910. Les abords de la place du Havre ne furent pas épargnés en 1802. Pourtant le souterrain du Nord-Sud n’avait pas encore troué le sous-sol. Mais des conditions géologiques permanentes devaient engendrer, à travers le temps, des infiltrations de même caractère.
De la comparaison des faits on peut déduire que nos aïeux ont souffert, comme nous, des oscillations du fleuve parisien, que nos enfants pourront aussi en être victimes. Il convient donc de rechercher quelles raisons mettent la capitale à la merci du caprice de l’eau, et, ceci posé, quelles mesures peuvent limiter, pour l’avenir, les fantaisies de la rivière de Seine.
L’ouvrage que nous publions aujourd’hui tend à répondre à ce triple objet : retracer l’histoire des crues séquaniennes, en exposer l’origine et le mécanisme, attirer l’attention sur les nécessités de ne pas suivre les errements du passé. Instruire et faire réfléchir, déterminer à une action immédiate et méthodique, telle est la tâche que nous nous étions fixée. Le lecteur nous dira si nous y avons réussi. »
Fruit d’une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.