Un témoignage au cœur de la révolution soudanaise d'une étudiante devenue, malgré elle, une icône de la lutte pour la démocratie.
Début avril 2019, la révolution soudanaise entre dans une phase décisive. Au terme de quatre mois de manifestations réprimées sans merci, les contestataires parviennent aux abords du quartier général de l'armée : ils exigent la démission du Général Omar el-Béchir, le dictateur en place à Khartoum depuis 30 ans. Son règne est celui des guerres, au Soudan du Sud et au Darfour, de l'oppression des femmes et de toutes les voix dissidentes. La jeunesse du pays des deux Nil, où plus de la moitié de la population a moins de 25 ans, rêve de liberté. Le moment est historique, mais le monde regarde ailleurs. Soudain, une image impose cette révolution dans les journaux télévisés et à la " Une " des quotidiens internationaux.
A quelques jours de la chute du dirigeant conspué de 75 ans, Alaa Salah apparaît sur le toit d'une voiture. Drapée de blanc, un index rageur pointé vers le ciel, la jeune femme surplombe une foule de milliers de manifestants. Droite, elle déclame sa poésie révolutionnaire. Son geste la propulse au rang d'icône, et attribue à ce printemps soudanais un titre : la révolution des femmes, elles qui ont mené de front cette révolution.
Des premiers cortèges, cibles des balles des forces de l'ordre, à l'occupation du centre de Khartoum et à son évacuation dans le sang, Alaa livre pour la première fois le récit détaillé, vivant et personnel de ces mois de basculement. Celui d'une étudiante devenue figure de proue d'une révolution, celui d'une génération qui goût enfin à l'espoir, celui d'un pays engagé sur un chemin fragile vers la démocratie.