«L’humour, c’est connu, se pratique au premier, au deuxième voire au troisième degré selon que l’on a ou non l’esprit d’escalier. Jean-Do, le héros du roman, cumule l’esprit d’escalier, les vertus alpestres des grands séducteurs et un sens de l’humour qui, degré par degré, fait gagner son lecteur à la Loterie nationale du rire.
Jean-Do fait rire. D’abord, privilège du désespoir, de lui-même, encore et toujours acteur de ses ridicules de fils de famille, né une cuillère nickelée dans la bouche et un baobab dans la main, tout occupé de lui-même, de ses conquêtes, de ses caprices. Il fait rire ensuite de ses semblables, les oisifs et les oisives du grand monde qu’il décrit avec la précision jubilatoire d’un ornithologue traquant l’oie blanche, le merle moqueur et la vieille VIP. Mais ce n’est pas tout.
Jean-Do a des problèmes de conscience, des tourments métaphysiques, des interrogations philosophiques pour lesquelles il n’a d’autre interlocuteur que l’Éternel, c’est-à-dire Marcel Proust. Un Marcel mélancolique, observant que son temps perdu n’est pas retrouvé, et que Jean-Do a beau se décarcasser, il n’est pas prêt de le rapporter aux objets trouvés.
Si en anglais “?swan?” est un cygne noir, pour Pierre Grimblat, Jean-Do (Swann) est un signe qui glisse avec élégance sur le lac de la page blanche et s’envole vers les cieux toujours bleus où l’humour abolit les nationalités.»?
GERARD MORDILLAT