Accompagner la contre-migration de Michelangelo Frammartino de Milan à l’arrière-pays méridional signifie être convié dans un univers cinématographique où le champ humain fourmille de ses hors-champs environnementaux. Dans les films du réalisateur italien, peu connu et étudié en France, la mort d’un berger semble donner naissance à un chevreau, des esprits végétaux envahissent un village et les objets quotidiens sont animés par des imprévisibles forces terrestres. À l’intérieur de cet univers rural où les présences vivantes se multiplient et se manifestent à notre regard, nous commençons à interroger le rapport entre notre attention et les milieux que nous habitons, la relation entre les problèmes écologiques et l’expérience audiovisuelle. Ces questions ne pourront émerger pleinement dans l’analyse des formes et des pratiques de Frammartino que grâce au dialogue avec les voix d’autres disciplines (d’Ernesto De Martino à Anna L. Tsing, jusqu’à Giorgio Agamben) et les images d’autres cinéastes (de Sharunas Bartas à Alice Rohrwacher).