Institution séculaire s'il en est, l'université est aujourd'hui dans la tourmente au sein de la plupart des pays européens. Doit-elle s'incliner devant les impératifs du marché et, comme d'aucuns le souhaitent, souscrire aux seules valeurs de l'utilité, de la rentabilité, de l'efficacité, de la performance et de la compétitivité ou bien peut-elle encore s'intéresser à la faculté de l'inutile propre à l'humain et la développer ? Déjà soulevée à la fin du XVIIIe siècle avec la création d'Écoles professionnelles supérieures en France et en Allemagne, cette question relative à l'orientation fondamentale de l'université est loin d'être tranchée aujourd'hui. On peut même dire, en n'élargissant nullement le débat, que plus de deux siècles après la révolution industrielle, nos sociétés vivant quasiment au lendemain de la révolution électronique se déchirent toujours sur la priorité des valeurs et sur les rapports à établir entre l'économique, le culturel, le politique et le social.