La position particulière de Calais, interface naturelle entre le continent et la Grande-Bretagne depuis les temps les plus reculés, en fait un lieu d’observation privilégié des circulations dans le Nord de la France, et plus précisément des déplacements des hommes. Longtemps pris dans un sens restrictif, ce dernier terme a occulté la présence féminine. Pourtant, les femmes sont bien présentes, pas uniquement épouses fidèles de maris voyageurs : pèlerines, filles à marier ou femmes de mauvaise vie, colporteuses ou messagères, activistes ou réfugiées, elles traversent la région de part en part depuis le Moyen Âge. Artistes, femmes du monde (ou du demi-monde), commerçantes, aventurières n’hésitent pas à franchir le détroit, sans parler des sportives qui relèvent ce défi à la nage ! Ce territoire géographiquement limité s’avère ainsi d’une grande richesse et participe, par petites touches ou par des études plus étendues, à bâtir une meilleure vision des déplacements des femmes. Il apporte ainsi sa pierre à l’édifice de l’histoire des femmes comme à celui de l’histoire des circulations et contribue à sa mesure à établir le pont entre les deux.